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Le lapacho de l'Inca

Pau d'ArcoLes Indiens Kallawaya (une branche inca) sont guérisseurs forains depuis la nuit des temps. Dans leur pharmacopée on trouve de l'écorce rapée d'Ipê rose qu'ils appellent "lapacho". C'est une bignone d'altitude, version phytothérapeutique géante de la bignone du Cap plus connue en ornementation. L'Ipê rose est un bois dur tannique et jaunâtre, utilisé en charpente et menuiserie. L'intérieur de l'écorce a une teinte chocolatée. Les fleurs sont les trompettes roses que l'on a sur nos chèvrefeuilles. En portugais du Brésil, on appelle cet arbre le "Pau d'Arco"¹ (bois d'arc).

L'arbre fut découvert par deux explorateurs scientifiques autrichiens, Johann Baptist von Spix et Carl Friedrich Philipp von Martius vers 1817. Von Martius rapporta 12000 spécimens botaniques de leur expédition. En 1845, Augustin Pyramus de Candolle le nomma Tecoma impetiginosa en appliquant la nomenclature de Jussieu, à partir du nom aztèque tecomaxochitl signifiant fleur d'arbre à pot.

fleur roseLa sagesse de la nation indienne nous indique que l'écorce intérieure du Pau d'Arco est utilisée depuis toujours en Amérique latine comme médicament sous la forme d'infusions ou de frictions. Elle soigne un large spectre de maladies, de l'arthrite aux ulcères, des problèmes de peau (d'où l'impetiginosa), certains diabètes, certains cancers (dit-on sous la hutte). Se saisissant de ses vertus, les sociétés d'herboristerie commercialisent sous le nom générique de Lapacho une infusion miracle qui soignerait tout, à la réserve près que les preuves scientifiques médicales ne sont pas là, même si le produit est redoutable. Et puis, les laboratoires pharmaceutiques détestent ces trucs de la jungle qu'ils n'ont pas synthétisés.

lapacho rapéLa recherche médicale libre, mais dérivée néanmoins du U.S. National Cancer Institute, a quand même mis en évidence dans le bois du Tecoma impetiginosa curialis des composés connus pour leurs propriétés anticancéreuses : le ß-lapachone et le lapachol². D'où leur nom. Sauf que ces composés sont hautement toxiques s'ils sont extraits et maniés sans savoir, les effets secondaires étant lourds. Dire que l'infusion d'écorce rapée de Pau d'Arco, appelée Lapacho, soigne le cancer est sans doute s'aventurer trop loin, même s'il se passe quelquefois quelque chose. L'analyse chimique trouve aussi des coumarines, des tanins et des flavonoïdes, des antiseptiques puissants et des antibiotiques.

Mais le Lapacho est surtout riche en fer assimilable, en oligo-éléments et tous minéraux. On peut dire ainsi qu'il renforce le système immunitaire, purifie le sang et le fluidifie³, stimule la digestion, et sert d'anti-inflammatoire. Si donc le Lapacho ne vous sauve pas du crabe, il vous met dans les meilleures conditions possibles pour, à l'occasion, l'affronter.
Grands voyageurs, c'est aussi un anti-malaria car le lapachol est un naphtoquinone.
La lapacho infusion se présente sous forme de paillettes chocolatées. C'est un produit TOP qui charrie du mystère ; à manier avec précaution.


colibri sur pau d'arco

Note (1): les Indiens l'appellent aussi ipe roxo, tahuari, taheebo ou tabebuia ipe
Note (2): source principale : http://biotech.icmb.utexas.edu/botany/beta.html
Note (3): à ne pas utiliser en même temps que des anti-coagulants comme l'aspirine ou l'héparine.




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