Chanoyu de Fuyama
Effectif : de trois à cinq invités, l’hôte(sse), l’assistant(e), l'aide
Avertissement:
Cette cérémonie bourgeoise n'utilise pas de cabane cérémonielle (chachitsu). Elle se pratique en pavillon ou en appartement, à la différence près que la communion avec la nature appelle plus de concentration personnelle dans ce dernier cas.
Quand les invités pénètrent dans le jardin ils doivent ressentir la beauté et la sérénité du lieu. Le jardin peut être ouvert ou clos, large ou très réduit, c’est l'harmonie dans son parcours qui sera son charme, et le confinement de l’espace cérémoniel qu'il précède.
En appartement, le « jardin » pourra n’être qu’fontaine et quelques plantes vertes ouvrant sur une natte placée dans une semi pénombre et cernée d’un paravent. Il doit se dégager de cet espace un sentiment de quiétude, et pas de "vibrations".
Arrangements :
Au centre de la cérémonie se trouve deux acteurs, l’hôtesse qui sera du début à la fin le point de mire de ses invités et qui s’efforcera de les imprégner de sa propre sérénité ; le fourneau de préparation du thé sur sa table basse.
Les arrangements esthétiques sont une peinture ou calligraphie murale (la première parlant plus souvent que la seconde à ceux qui ne lisent pas le japonais), une composition florale de saison sur guéridon, et la natte épaisse où seront disposés des coupelles de biscuits, et une bougie-vasque à une ou trois mèches si on utilise le fourneau électrique.
Principes :
Les principes qui guideront la cérémonie sont l’harmonie naturelle, le respect des autres, la pureté des cœurs et la tranquillité d’esprit. L’hôtesse y pourvoira, les invités y aideront par leurs meilleures dispositions et leur silence.
Première étape :
L’assistante (une amie de la maîtresse de maison ou une domestique, mais tout peut se faire au masculin) accueille les invités en leur souhaitant « KOGNNICHIWA » avec une courbette. Il lui est répondu sur le même ton « kognnichiwa » avec une courbette.
Deuxième étape :
L’assistante aide les invités à quitter leurs chaussures dès le franchissement du seuil et les fait mettre de côté par une aide. Ce geste montre le respect que l'on doit aux autres et dépouille son auteur de l’excès de matérialité de son existence.
Troisième étape :
Ceux des invités qui auront apporté des présents seront dirigés vers une console sur laquelle ils les déposeront et où ils seront laissés ainsi sans les ouvrir. Il s’agit de petites attentions, quelques fleurs ou objets bruts de l’artisanat, des éventails, des petits sujets de terre cuite, l’important restant la simplicité du présent, sauf bien sûr intention précise tenant aux relations déjà établies.
L’assistante dirige alors les invités vers un baquet d’eau où ils se mouillent les mains en signe de purification et de pacification de l’instant. Une fleur flottant sur la bassine est du meilleur goût. Un camélia, une attention parlante.
Quatrième étape :
L’hôtesse accueille à son tour ses invités et forme ensuite sa « table » avec autant de soin qu’elle le ferait d’une table française, disposant chacun de ses invités à la place prévue, le personnage qu'elle veut honorer, à côté d’elle.
Chacun s’assoit à la japonaise, sur ses talons.
Il est prévu de faire passer des petites préparations (petits fours en français) sur des coupelles et quelques tasses de thé clair ou un autre breuvage. Puis on dessert complètement ce premier service.
Le silence se fait, et l’on distingue mieux déjà la musique de fond que l’hôtesse aura choisie pour sa cérémonie. Tout le monde doit être assis. On observe à ce moment la calligraphie (ou gravure) murale, le fourneau à feu vif, à défaut, la bougie-vasque disposée sur la natte centrale, et le bouquet japonais sur son guéridon, qui n’est pas le plus facile à réussir.
Cinquième étape :
L’hôtesse prononce une brève allocution de bienvenue, qui met l'accent sur un point du décor ou sur la rareté des ustensiles. Les invités doivent marquer en silence leur admiration, cela fait partie de l'échange.
Sixième étape :
L’hôtesse invite alors à la méditation qui va traverser quatre domaines :
La nature, la vie, l’épicurisme, le temps qui passe et qui change.
Voici un exemple ... à méditer.
Soyons assis, stables, confortables.
Fermons nos yeux.
Ecoutons la brise de notre respiration.
Plus attentivement, écoutons en nous le battement de notre coeur.
Nous sommes venus au jardin japonais où tout est quiétude et couleurs de pastel.
Sentons sur nos joues l’air du jardin qui passe comme un tiède zéphyr.
Sentons l’effluve de ces fleurs arrangées avec soin.
Lisons le jardin à ses niveaux divers pour en ressentir l'harmonie.
Entendons le ruissellement de l’eau sur les galets de la fontaine.
Abandonnons maintenant notre corps aux doux rayons du soleil d’aujourd’hui.
Des oiseaux pépient dans la ramure que nous entendons mieux.
Vivons dans l’harmonie, la pureté, la quiétude et le respect.
Nous ne faisons qu’un avec la nature.
Observez maintenant chaque instant de ce moment privilégié.
L’hôtesse dit alors les quatre vertus
N°1 : Nous devons prendre soin de la Nature avec respect
N°2 : Toute chose vivante mérite notre respect
N°3 : Apprécions chaque moment de chaque jour
N°4 : Une vie, séquence de chances uniques
vers la perfection
Septième étape :
Le service* du thé peut commencer.
Il met en jeu une jarre d’eau, une théière à feu, le petit fourneau (électrique aujourd'hui), des bols (chawan), un pot à thé Matcha en poudre, une spatule, une louche à longue tige, un petit fouet de bambou, une baquet de rinçage, du linge.
Les invités sont servis cérémonieusement par l’hôtesse, un par un.
C’est un thé vert épais et moussu si on se contente de 2 cuillers par chawan, à la limite de la purée de pois en consistance si on va jusqu’à 3 cuilliers comme le veut le rite Sadô.
Le rite orthodoxe n'exige qu'un seul bol que l'on se passe, soit en un service unique, soit en services individuels répétés. Nous recommandons pour diverses raisons de l'époque moderne de préférer un set de bols.
L’hôtesse évoque alors les bienfaits du thé vert (diététique et prophylaxie naturelle), en insistant plus ou moins selon l’expérience acquise par chaque convive. Si l'on utilise un bol unique l'hôtesse fait admirer d’un mouvement gracieux de rotation du chawan présenté, la finesse du travail des artistes qui l'ont façonné.
Le service terminé, les ustensiles sont lavés et essuyés et sont présentés aux convives avec une description de leur origine, l'interprétation des sceaux de culot s'il y en a, et leur finesse de fabrication.
Huitième étape :
L’assistante sert alors à chacun un thé clair léger à volonté pour ôter l’épaisseur du Matcha dans la bouche, et propose les sucreries.
Il est bienvenu de dire une légende autour du thé, une historiette, et pour les plus doués quelques haïku (poèmes fulgurants) comme celui-ci par exemple :
Dans la plaine enneigée où toute l'herbe s'abolit
Le héron blanc s'est enfoui
Dans sa propre apparence.
Dôgen (1200-1253)
Ou celui-là :
Les petits poissons blancs
Ne dirait-on pas tout à fait
L'esprit de l'eau qui court?
Konishi Raizan (1654-1716)
Neuvième étape :
La cérémonie s’achève quand l’hôtesse libère ses convives, qui se lèvent, saluent un par un, SAYONARA, reprennent leurs chaussures avant de s’en retourner comme ils sont venus, mais rassérénés.
Un Chanoyu bourgeois dure environ quarante-cinq minutes.
Note (*) : le procédé d’infusion lui-même sera traité à part. C’est surtout un cours d’élégance gestuelle autant que de précision rituelle.
Epilogue :
Si vous vous estimez insuffisamment préparé, nous vous indiquons deux écoles cérémonielles qui ont des branches dans le monde entier : Ura Sen Ke et Omote Sen Ke, fondées par deux descendants de Sen no Rikyû, celui qui au XVIè siècle codifia le Chanoyu dans des règles strictes sous l’influence du bouddhisme zen. La cérémonie s’appela dès lors Sadô.
La cérémonie proposée aujourd’hui est dite « informelle » ou « civile ».
Ce n’est qu’un modeste Chanoyu.
Mais il est aussi des cérémonies simplifiées qui se limitent à la dégustation. Otez alors la partie spirituelle, il vous reste le thé et les gâteaux, et vous serez passé à côté d'un moment réparateur.
Zen toujours !
Effectif : de trois à cinq invités, l’hôte(sse), l’assistant(e), l'aide
Avertissement:
Cette cérémonie bourgeoise n'utilise pas de cabane cérémonielle (chachitsu). Elle se pratique en pavillon ou en appartement, à la différence près que la communion avec la nature appelle plus de concentration personnelle dans ce dernier cas.
Quand les invités pénètrent dans le jardin ils doivent ressentir la beauté et la sérénité du lieu. Le jardin peut être ouvert ou clos, large ou très réduit, c’est l'harmonie dans son parcours qui sera son charme, et le confinement de l’espace cérémoniel qu'il précède.
En appartement, le « jardin » pourra n’être qu’fontaine et quelques plantes vertes ouvrant sur une natte placée dans une semi pénombre et cernée d’un paravent. Il doit se dégager de cet espace un sentiment de quiétude, et pas de "vibrations".
Arrangements :
Au centre de la cérémonie se trouve deux acteurs, l’hôtesse qui sera du début à la fin le point de mire de ses invités et qui s’efforcera de les imprégner de sa propre sérénité ; le fourneau de préparation du thé sur sa table basse.
Les arrangements esthétiques sont une peinture ou calligraphie murale (la première parlant plus souvent que la seconde à ceux qui ne lisent pas le japonais), une composition florale de saison sur guéridon, et la natte épaisse où seront disposés des coupelles de biscuits, et une bougie-vasque à une ou trois mèches si on utilise le fourneau électrique.
Principes :
Les principes qui guideront la cérémonie sont l’harmonie naturelle, le respect des autres, la pureté des cœurs et la tranquillité d’esprit. L’hôtesse y pourvoira, les invités y aideront par leurs meilleures dispositions et leur silence.
Première étape :
L’assistante (une amie de la maîtresse de maison ou une domestique, mais tout peut se faire au masculin) accueille les invités en leur souhaitant « KOGNNICHIWA » avec une courbette. Il lui est répondu sur le même ton « kognnichiwa » avec une courbette.
Deuxième étape :
L’assistante aide les invités à quitter leurs chaussures dès le franchissement du seuil et les fait mettre de côté par une aide. Ce geste montre le respect que l'on doit aux autres et dépouille son auteur de l’excès de matérialité de son existence.
Troisième étape :
Ceux des invités qui auront apporté des présents seront dirigés vers une console sur laquelle ils les déposeront et où ils seront laissés ainsi sans les ouvrir. Il s’agit de petites attentions, quelques fleurs ou objets bruts de l’artisanat, des éventails, des petits sujets de terre cuite, l’important restant la simplicité du présent, sauf bien sûr intention précise tenant aux relations déjà établies.
L’assistante dirige alors les invités vers un baquet d’eau où ils se mouillent les mains en signe de purification et de pacification de l’instant. Une fleur flottant sur la bassine est du meilleur goût. Un camélia, une attention parlante.
Quatrième étape :
L’hôtesse accueille à son tour ses invités et forme ensuite sa « table » avec autant de soin qu’elle le ferait d’une table française, disposant chacun de ses invités à la place prévue, le personnage qu'elle veut honorer, à côté d’elle.
Chacun s’assoit à la japonaise, sur ses talons.
Il est prévu de faire passer des petites préparations (petits fours en français) sur des coupelles et quelques tasses de thé clair ou un autre breuvage. Puis on dessert complètement ce premier service.
Le silence se fait, et l’on distingue mieux déjà la musique de fond que l’hôtesse aura choisie pour sa cérémonie. Tout le monde doit être assis. On observe à ce moment la calligraphie (ou gravure) murale, le fourneau à feu vif, à défaut, la bougie-vasque disposée sur la natte centrale, et le bouquet japonais sur son guéridon, qui n’est pas le plus facile à réussir.
Cinquième étape :
L’hôtesse prononce une brève allocution de bienvenue, qui met l'accent sur un point du décor ou sur la rareté des ustensiles. Les invités doivent marquer en silence leur admiration, cela fait partie de l'échange.
Sixième étape :
L’hôtesse invite alors à la méditation qui va traverser quatre domaines :
La nature, la vie, l’épicurisme, le temps qui passe et qui change.
Voici un exemple ... à méditer.
Soyons assis, stables, confortables.
Fermons nos yeux.
Ecoutons la brise de notre respiration.
Plus attentivement, écoutons en nous le battement de notre coeur.
Nous sommes venus au jardin japonais où tout est quiétude et couleurs de pastel.
Sentons sur nos joues l’air du jardin qui passe comme un tiède zéphyr.
Sentons l’effluve de ces fleurs arrangées avec soin.
Lisons le jardin à ses niveaux divers pour en ressentir l'harmonie.
Entendons le ruissellement de l’eau sur les galets de la fontaine.
Abandonnons maintenant notre corps aux doux rayons du soleil d’aujourd’hui.
Des oiseaux pépient dans la ramure que nous entendons mieux.
Vivons dans l’harmonie, la pureté, la quiétude et le respect.
Nous ne faisons qu’un avec la nature.
Observez maintenant chaque instant de ce moment privilégié.
L’hôtesse dit alors les quatre vertus
N°1 : Nous devons prendre soin de la Nature avec respect
N°2 : Toute chose vivante mérite notre respect
N°3 : Apprécions chaque moment de chaque jour
N°4 : Une vie, séquence de chances uniques
vers la perfection
Septième étape :
Le service* du thé peut commencer.
Il met en jeu une jarre d’eau, une théière à feu, le petit fourneau (électrique aujourd'hui), des bols (chawan), un pot à thé Matcha en poudre, une spatule, une louche à longue tige, un petit fouet de bambou, une baquet de rinçage, du linge.
Les invités sont servis cérémonieusement par l’hôtesse, un par un.
C’est un thé vert épais et moussu si on se contente de 2 cuillers par chawan, à la limite de la purée de pois en consistance si on va jusqu’à 3 cuilliers comme le veut le rite Sadô.
Le rite orthodoxe n'exige qu'un seul bol que l'on se passe, soit en un service unique, soit en services individuels répétés. Nous recommandons pour diverses raisons de l'époque moderne de préférer un set de bols.
L’hôtesse évoque alors les bienfaits du thé vert (diététique et prophylaxie naturelle), en insistant plus ou moins selon l’expérience acquise par chaque convive. Si l'on utilise un bol unique l'hôtesse fait admirer d’un mouvement gracieux de rotation du chawan présenté, la finesse du travail des artistes qui l'ont façonné.
Le service terminé, les ustensiles sont lavés et essuyés et sont présentés aux convives avec une description de leur origine, l'interprétation des sceaux de culot s'il y en a, et leur finesse de fabrication.
Huitième étape :
L’assistante sert alors à chacun un thé clair léger à volonté pour ôter l’épaisseur du Matcha dans la bouche, et propose les sucreries.
Il est bienvenu de dire une légende autour du thé, une historiette, et pour les plus doués quelques haïku (poèmes fulgurants) comme celui-ci par exemple :
Dans la plaine enneigée où toute l'herbe s'abolit
Le héron blanc s'est enfoui
Dans sa propre apparence.
Dôgen (1200-1253)
Ou celui-là :
Les petits poissons blancs
Ne dirait-on pas tout à fait
L'esprit de l'eau qui court?
Konishi Raizan (1654-1716)
Neuvième étape :
La cérémonie s’achève quand l’hôtesse libère ses convives, qui se lèvent, saluent un par un, SAYONARA, reprennent leurs chaussures avant de s’en retourner comme ils sont venus, mais rassérénés.
Un Chanoyu bourgeois dure environ quarante-cinq minutes.
Note (*) : le procédé d’infusion lui-même sera traité à part. C’est surtout un cours d’élégance gestuelle autant que de précision rituelle.
Epilogue :
Si vous vous estimez insuffisamment préparé, nous vous indiquons deux écoles cérémonielles qui ont des branches dans le monde entier : Ura Sen Ke et Omote Sen Ke, fondées par deux descendants de Sen no Rikyû, celui qui au XVIè siècle codifia le Chanoyu dans des règles strictes sous l’influence du bouddhisme zen. La cérémonie s’appela dès lors Sadô.
La cérémonie proposée aujourd’hui est dite « informelle » ou « civile ».
Ce n’est qu’un modeste Chanoyu.
Mais il est aussi des cérémonies simplifiées qui se limitent à la dégustation. Otez alors la partie spirituelle, il vous reste le thé et les gâteaux, et vous serez passé à côté d'un moment réparateur.
Zen toujours !
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