
Le fondateur de la marque de thé DILMAH Global déclare que le projet de label "équitable" est une farce bien intentionnée, qui n'apporte rien de plus que de la monnaie dans la poche des intermédiaires.
Mr Merril Fernando, un homme d'affaires cinghalais bien connu au Sri Lanka pour ses pubs télé vantant les mérites du thé Dilmah, a donné un entretien au NZ Herald d'Auckland où il ne mâche pas ses mots.
Le label "équitable" destiné à garantir l'éthique de production dans les pays en voie de développement, « n'est pas autre chose que du marketing alternatif ». L'idée est généreuse, son administration pitoyable.
Mr Fernando ne dit pas moins que la prime payée par le consommateur pour avoir des produits équitables atteint rarement les producteurs primaires du Tiers-Monde. « Vous ne soutenez pas du tout un vrai commerce équitable, vous soutenez tous les intermédiaires du bizness ».
Le thé Dilmah n'est pas certifié "commerce équitable" mais Mr Fernando affirme que la compagnie à une implication sur les conditions de travail de ses équipes. Dix pour cent de son bénéfice brut va aux personnes défavorisées par le canal de sa fondation caritative MJF.
Il ajoute qu'il serait mieux que chaque pays dispose son propre organisme certificateur qui visiterait les producteurs du Tiers-monde, plutôt que d'utiliser le "commerce équitable". Ses organismes devraient être réellement indépendants et non juste une nouvelle marque à la mode, comme le "commerce équitable" l'est devenu, selon lui.
« S'ils veulent venir chez Dilmah, nous ouvrirons grand nos portes ».

Evidemment un porte-parole néo-zélandais de l'organisation de commerce équitable Trade Aid déclara que les assertions de Fernando étaient motivées par la concurrence que lui faisaient les producteurs de thé "équitable". Mr Justin Purser directeur Food chez Trade Aid Importers, dit de son côté que Dilmah ne pouvait obtenir aucune assurance "commerce équitable" par ses méthodes de culture. « Il ne sont ni vérifiés ni surveillés et ne disposent d'aucune certification extérieure, et disent donc ce qu'ils veulent. Les thés supérieurs Dilmah concourent sur le même "marché de marge" que les thés de commerce équitable "Trade Aid". C'est une rivalité de producteurs ».
Et d'admettre quand même que le label "commerce équitable" n'est pas non plus un système parfait. Malgré tout il a la capacité d'améliorer la vie des gens.
Mr Purser dit avoir été convaincu, lors d'une visite de fournisseurs de thé "Trade Aid" au Sri Lanka, ô combien le système améliorait la condition des ouvrières. La plantation "équitable" dispose d'écoles, d'une banque, de dispensaires et de logements spacieux, qui contrastent avec les compounds des autres établissements cinghalais où 450.000 travailleurs vivent entassés, sans eau courante facilement accessible. Le fond caritatif de Dilmah n'est pas un substitut au système "équitable".
Et de poursuivre : « Cette sorte de charité est justement ce que combat le "commerce équitable" ; car nous pensons que les fermiers ont besoin d'un vrai prix d'achat afin de ne pas recourir à ces aumônes ».
Fernando rétorque qu'une meilleure voie d'amélioration des conditions de vie est d'encourager les planteurs de thé à faire de la valeur ajoutée sur leur production. Actuellement, la plupart du thé cinghalais est livré à des multinationales pour façonnage et conditionnement, qui dès lors encaissent la plus grande partie des profits. Il se dit optimiste quant à la pression des consommateurs et des actionnaires sur les compagnies pour obtenir des pratiques plus "fair" dans le domaine de la production de thé.

COMMENT MARCHE LE LABEL ?
(Fairtrade en anglais)
(Fairtrade en anglais)
* Le label Fairtrade fut crée en 1997 sous l'autorité de la Fairtrade Labelling Organisation, pour répondre aux problèmes de faibles revenus, conditions de travail dégradées et dommages écologiques auxquels les fermiers des pays sous-développés sont confrontés.
* Les producteurs labellisés Fairtrade sont visités par des inspecteurs qui vérifient la conformité des conditions de travail, d'environnement et de culture aux normes du label.
* Il existe des producteurs labellisés Fairtrade dans la banane, le miel, l'orange, le cacao, le coton, les fruits secs, les fruits frais, les légumes, jus, noix, graines à huile, le riz, les épices, le sucre, thé, vin et même le quinoa bolivien.
Alerté par Eloise Gibson
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