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London Tea Auction

photo d'époque d'un tea clipper anglaisConnaissiez-vous la LTA ? La London Tea Auction n'existe plus. Cette institution mercantile a présidé au négoce du thé pendant trois siècles et s'est éteinte un certain 29 juin 1998. Depuis lors elle est passée dans la légende, en compagnie des clippers de la Cie des Indes.
La bourse du thé de Londres fut au centre de tout le commerce mondial de thé comme il en va aujourd'hui du LME, le London Metal Exchange. A l'origine, c'est le monopole de la East India Company sur les thés de Chine et des Indes qui suscita la mise à prix des cargaisons au siège de la société sur Leadenhall Street. On appâtait le marchand avec une lourde décoration de l'immeuble, faite de navires, grands marins, grands poissons et un majestueux blason que nous reproduisons ci-dessous. On l'appela très vite la "East India House".

blason de la East India
Les enchères se tenaient chaque trimestre en fonction des arrivages, et les adjudications faites aux chandelles jaugées au pouce. Elles commencèrent le 11 mars 1679 et connurent un grand succès. Dès la fin du XVIIè siècle la Cie des Indes apporta en bourse d'autres marchandises que le thé, surtout des tissus. Mais le succès du thé s'accrût au point qu'il fallut spécialiser les enchères en lui donnant la primeur. A lire les chroniques de l'époque, les cours se faisaient dans un brouhaha indescriptible, cachant certaines fois des empoignades sévères puisque si on ratait un lot, on était "marron" pour trois mois !

Enchères à Leadenhall St
Les choses évoluèrent en 1834 quand la Cie des Indes cessa d'être une entreprise de négoce et que le commerce du thé fut libéré. La bourse quitta East India House pour Mincing Lane et la concentration rapide des maisons de négoce fit surnommer la rue, "Street of Tea". Au milieu du XIXè siècle la consommation de thé augmenta tellement au Royaume-Uni que les enchères se tinrent tous les mois, puis chaque semaine, et les chandelles remplacées par des méthodes plus pratiques et moins contestées.
Les balles de thé affluaient de Chine, des Indes, de Ceylan et d'Afrique dans des quantités importantes au point qu'on dut spécialiser les jours de la semaine par pays d'origine. Dans les années 50 encore, un bon tiers de la production mondiale de thé était échangé par la LTA. La bourse de Londres s'appuyait sur d'énormes stocks qui étaient délivrés en continu au fur et à mesure des ventes, aux façonniers et blendeurs de la place qui les détaillaient sous leur propre marque.
Malgré la rupture des approvisionnements causée par les deux guerres mondiales, la LTA fonctionna jusqu'à la fin du XXè siècle, dans des locaux différents, Plantation House, Sir John Lyon House et finalement à la London Chamber of Commerce où elle mourut.

Après-guerre, les états producteurs avaient acquis leur indépendance et les planteurs préférèrent vendre leur production le plus vite possible après la récolte pour de questions de trésorerie, plutôt que de l'expédier à Londres pour la mettre en vente. Des bourses concurrentes furent créées à Calcutta, Colombo (Sri Lanka) et Mombassa (Kenya). La corbeille fut remplacée par le télex et in fine par Internet. Mais la grande dame de Londres sut finir en beauté.
Le dernier jour de la London Tea Auction vit l'adjudication de 44 kilos de Ceylan Hellbodde, grade Flowery Pekoe, à 555 livres sterling le kilo ! Record mondial. C'était une vente de charité de vingt lots exceptionnels comme savent les organiser les Anglais.

East India House à Leadenhall

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